Critiques

Viande et déculpabilisation: réponse à Consoglobe et Paul Ariès.

Il y a quelques jours, un article paru dans consoglobe nous recommandait la lecture de la fameuse « Lettre ouverte aux mangeurs de viande qui souhaitent le rester sans culpabiliser » de Paul Ariès.

Je vous propose donc ici de répondre à cet article. Ce billet fera aussi plus largement office de réponse à la fameuse lettre de M. Ariès, que je n’ai ni le courage ni l’envie de lire en entier. (Je ne compte pas m’infliger 180 pages de mauvaise foi et d’arguments fallacieux, et encore moins donner ne serait-ce qu’un centime de mon argent à Paul Ariès.)

Plutôt que de répondre aux critiques que l’on nous propose de manière chronologique comme je le fais d’habitude, je vous propose de répondre tour à tour à ce qui me semble être les 4 grands axes de critique qui se dégagent de l’article:

  1. Le lien entre véganisme, capitalisme et multinationales
  2. L’impact écologique du véganisme
  3. Le lien entre antispécisme et totalitarisme
  4. Le lien entre antispécisme et modification du vivant

Accrochez vous, c’est un peu long!

Le véganisme, serviteur du grand capital

Une bonne partie de l’article cherche à démonter que le véganisme ferait le jeu des grands lobbys et capitalistes de ce monde. L’intention est claire dès le début:

En outre, en ne distinguant pas l’élevage traditionnel de l’industrie animalière, les vegans font, paradoxalement, le jeu des grands lobbys de la viande – ceux-là même qui ont imposé au monde entier l’ensilage de maïs pour nourrir les vaches.

Pour en arriver là, 2 voies distinctes nous sont proposées:

  • Les végans joueraient le jeu des grands lobbys céréaliers.
  • Les végans joueraient le jeu des grandes multinationales.

Véganisme et production céréalière

L’argument qu’on nous propose pour nous convaincre que les végans jouent le jeu des grands méchants céréaliers est assez simple:

Car s’il faut des quantités massives de céréales pour produire l’alimentation du bétail à cause des pratiques d’élevage intensif, il en faudra aussi de plus en plus, pour fournir des protéines végétales destinées à l’alimentation humaine, à la place de la viande.

Le côté bien pratique, c’est que le contre-argument nous est donné tout de go: les animaux d’élevage consomment aussi de grandes quantités de ces mêmes végétaux!

Ca tombe bien, j’ai justement sous la main une étude évaluant la production nette de protéines pour différents types d’élevages. L’étude est faite en Autriche, un pays qui n’est pas vraiment connu pour son industrialisation à outrance.

L’étude prend en compte les éléments suivants:

  • Côté intrants, seules les aliments directement valorisables par l’humain sont pris en compte dans la ration des animaux.
  • Deux scénarios sont considérés:
    • Le scénario actuel (CURR)
    • Un scénario prenant en compte d’éventuelles améliorations dans la valorisation directes des intrants par l’humain (MAX)
  • Deux taux de conversion sont calculés:
    • En terme de protéines
    • En terme d’énergie
  • L’écart de valeur nutritive entre protéines de sorties et protéines intrantes est pris en compte via un facteur (PQR, « protein quality ratio ») qui prend en compte l’adéquation entre la composition de la protéine et les besoins humains vis à vis des acides aminés essentiels.

Ce tableau résume les résultats (un chiffre supérieur à 1 indique que l’animal est contributeur, un chiffre inférieur à 1 indique qu’il est consommateur):

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(source: P.Ertl, A.Steinwidder, M.Schönauer, K.Krimberger, W.Knaus, W.Zollitsch – « Net food production of different livestock: A national analysis for Austria including relative occupation of different land categories » – Die Bodenkultur: Journal of Land Management, Food and Environment)

On voit donc que les animaux produisant plus de protéines qu’ils n’en consomment sont:

  • Dans le scénario CURR: les vaches (laitières ou viande) en extensif, les chèvres, les poules pondeuses et les moutons (de seulement 4% pour ces deux derniers)
  • Dans le scénario MAX: seulement les vaches.

A noter que pour les vaches à viande, le passage en intensif (feedlots) divise ce ratio par quasiment 4! Dès lors, elles deviennent consommatrices plutôt que productrices.

Pour ce qui est de l’énergie, seules les vaches en extensif sont contributrices (et de seulement 6% pour la viande), et ce seulement dans le scénario CURR.

Pour ce qui est des protéines, j’ai tout de même une petite critique sur cette étude: l’utilisation du PQR ne semble pas prendre en compte la combinaison d’aliments ou la possibilité de cultiver des aliments plus adaptés aux besoins nutritionnels humains sur les mêmes terrains, ce qui pourrait conduire à des valeurs trop élevées de ce ratio. Du coup j’ai tendance à penser que cette étude a tendance à surestimer la contribution nette des animaux mais même ainsi il me semble que le constat est assez clair:  dans le scénario CURR, leur contribution est le plus souvent négative ou très légèrement positive. Dans le scénario MAX, elle est négative.

Il y a une exception: les ruminants, et en particulier les bovins. Ce n’est pas étonnant car quand ils sont nourris à l’herbe, ils valorisent une ressource non consommable par l’humain. Ce n’est pas le cas des autres animaux.

Mais revenons en à notre sujet: les végans font ils le jeu des grands céréaliers? A mon avis, non:

  • Si on regarde ça du point de vue de l’énergie, ça me semble assez clairement faux: seule l’élevage bovin laitier est clairement contributeur, et ce n’est plus le cas dans le scénario MAX
  • Si on regarde ça du point de vue des protéines, cela dépendra du type de viande qui est remplacé: seuls les bovins sont toujours contributeurs. Dans le scénario actuel, la contribution des autres animaux est discutable (souvent négative, mais pas toujours). Et si on prend en compte de possibles améliorations technologiques, ils deviennent clairement consommateurs.

Du coup, j’ai personnellement tendance à penser qu’un végan fera plutôt baisser la demande en céréales. Mais quoiqu’il en soit, il est clairement douteux de prétendre qu’il contribuerait à la faire augmenter. Du coup, vous admettrez que soutenir que les végans font le jeu des céréaliers de manière aussi catégorique, c’est quand même un peu osé.

L’article nous assène au passage que l’agriculture céréalière est déjà en tête des productions mondiales en terme de volume. Mais quand on sait que 33% (d’après la FAO) des terres arables sont destinées à nourrir les animaux d’élevage, on imagine aisément comment est écoulée cette production.

Véganisme et multinationales

Ici, on nous explique ceci:

Les principaux fabricants d’aliments végans sont déjà la propriété des plus grandes firmes agricoles, et leurs véritables propriétaires sont, directement ou indirectement, Dupont, Bayer, ExxonMobil, General Electric, Microsoft, Pfizer, Philip Morris, Walmart, Danone, Coca-Cola… 

Bon, on a l’axe du mal des multinationales quasi au complet… j’en viendrais presque à regretter de ne pas avoir mangé un steak ce midi dites-donc!

Blague à part, il y a une petite chose qui me choque dans cette phrase… « fabricants » d’aliments végans? On pourrait presque croire que les végans ne mangent que des produits transformés sortant de grandes usines!

Petit problème, on confond là « aliments végans » et « similis ». Rappelons donc (la 1000e foi sera peut-être la bonne?) que la base de l’alimentation végane c’est: les céréales, les légumineuses, les oléagineux, les fruits et les légumes. Vous voyez des similis là dedans? Moi, non. Je n’en vois pas non plus dans mon alimentation quotidienne…

Et pour cause, ces produits sont tout ce qu’il y a de plus optionnels. Du coup, l’argument tombe un peu à l’eau… il n’y a plus de lien intrinsèque entre véganisme et ces grandes méchantes entreprises.

En fait, c’est simple: le véganisme n’a pas grand chose à voir avec ce sujet. Le véganisme, c’est une philosophie et un mode de vie visant à exclure autant que possible les produits et services issus de l’exploitation animale. Ni plus ni moins. Pas vraiment de rapport avec Microsoft, ExxonMobil ou General Electric donc.

Un végan peut faire le choix de ne pas financer ce type d’entreprise ou au contraire n’avoir aucun problème à le faire. Un peu comme un carniste en somme. Ce sont des convictions différentes: elles ne sont ni intrinsèquement liées, ni mutuellement exclusives.

Bien entendu, le problème est le même pour agriculture cellulaire et autres biotechnologies: un végan peut y être opposé comme il peut y être favorable. A partir du moment où ces produits n’impliquent pas d’exploitation animale, le véganisme n’a rien à dire dessus. Et citer Jeremy Coller n’y changera rien: « un végan » n’est pas « le véganisme ». Tant pis pour la généralisation abusive.

Finalement, tout ça ce n’est en fait qu’une tentative de déshonneur par association. Et pas très subtil en plus, vu l’ampleur du name dropping qu’on nous propose: Dupont, Bayer, ExxonMobil, General Electric, Microsoft, Pfizer, Philip Morris, Walmart, Danone, Coca-Cola, Bill Gates… La finesse d’un 32t. Mais malheureusement pour Paul Ariès, c’est un procédé fallacieux. D’ailleurs, il devrait peut-être se renseigner à ce sujet…

Les végans, pourfendeurs de l’environnement

Second axe de critique: les végans ne seraient pas si écolos. Voyons voir ça.

Soja et déforestation

On nous explique tout d’abord ceci:

Le soja est le plus utilisé pour ces substituts – alors que sa culture intensive est l’une de celles qui participe le plus à la déforestation de la planète, ravageant l’Amazonie.

Ceci est agrémenté de la photo ci-dessous (©Fotokostic), habilement accompagnée de cette légende: « culture intensive de soja en hausse pour fournir des protéines végétales ».

sans-titre

Bon, j’ai déjà expliqué que les végans ne contribuaient probablement pas à augmenter la demande pour ce type de produit… Mais voyons quand même voir ce qu’il en est.

« Pour fournir des protéines végétales », c’est tout à fait exact. Mais pour qui? On a déjà une petite idée de la réponse, mais jettons quand même un coup d’oeil à ce que The Nature Conservacy nous dit à ce sujet:

Soybean crushing always results in the production of both soybean meal and soybean oil, about 78.5% soy meal and about 19% oil, with the remaining 2.5% lost in processing. Thus the total supply of each of these derivatives will always remain constant relative to the other. Approximately 85% of the global soybean crop is crushed to produce meal and oil.

Soybean meal is generally used to make animal feed and is currently the largest source of protein feed in the world. As a result, most of the world’s soybean harvest is consumed indirectly by humans through products such as dairy, eggs, meat (chicken, pork, and beef), and farmed fish.

Traduction:

« Le broyage de la graine soja résulte toujours en la production simultannée de tourteau de soja et d’huile de soja, environ 78.5% de tourteau et 19% d’huile, le reste étant perdu durant la transformation. Ainsi, les offres totales de chacun de ces dérivés resteront toujours constantes l’une part rapport à l’autre. Approximativement 85% de la production globale de graines de soja est broyée pour produire tourteaux et huile.

Le tourteau de soja est généralement utilisé pour produire des rations alimentaires animales et est actuellement la plus grande source de protéines de ces rations dans le monde. En conséquence, la majorité de la récolte mondiale de graines de soja est consommée indirectement par des humains via des produits tels que les laitages, les oeufs, la viande (poulet, porc et bœuf) et les poissons d’élevage. » 

Comme on s’en doutait un peu, il semble donc assez clair que la déforestation causée par le soja est avant tout attribuable à l’élevage, et non à la production de substituts pour le faible pourcentage de végans que compte cette belle (pour l’instant) planète.

A ce stade, j’anticipe la réponse: « Le soja est cultivé pour produire de l’huile, utilisée en alimentation humaine. L’élevage ne fait que valoriser le tourteau, qui n’est qu’un sous-produit processus de trituration (extraction de l’huile). »

Première chose, en terme de poids, nous avons déjà vu que le tourteau représente 78,5% de la graine, contre 19% pour l’huile. Soit environ 4x plus. Mais en termes économiques, ça donne quoi?

Voyons voir les cours de ces deux produits en bourse. Pour la bourse de Chicago à ce jour (24/02/2019), on a:

  • Environ 305$/tonne pour le tourteau
  • Environ 30cts/lb, soit 660$/tonne pour l’huile

Pour une tonne de graines de soja, on obtient donc:

  • 239$ en tourteaux
  • 125$ en huile

Le tourteau représente donc environ 66% de la valeur marchande de la graine de soja. Autrement dit, le tourteau rapporte deux fois plus que l’huile. Un « sous-produit » qui rapporte plus que le produit principal, vous avouerez que c’est plutôt cocasse.

Mais au fait, est-ce vraiment le soja qui déforeste l’Amazonie? Ca tombe bien, la banque mondiale a produit un rapport sur la déforestation en Amazonie:

The main change in land use is unquestionably the huge expansion of the area devoted to planted pasture, which by 1995 covered some 70 percent of the deforested areas. Assuming (a little exaggeratedly) that fallow areas are utilized basically for seasonal livestock rotation, pastures could account for the occupation of up to 88 percent of the deforested areas. Compared with 1970, 91 percent of the increment of the cleared area has been converted to cattle ranching.

Traduction:

« Le principal changement dans l’utilisation des terres est la large expansion de la surface dévouée aux pâtures plantées, qui en 1995 recouvraient environ 70% de la surface déforestée. En supposant (de façon un peu exagérée) que les surfaces en jachère sont essentiellement utilisées par la rotation saisonnière du bétail, les pâturages pourraient représenter jusqu’à 88% de l’occupation de surfaces déforestées. Comparé à 1970, 91% de l’incrément de la surface déforestée a été converti en pâturages pour le bétail. »

Bref, avec tout ça vous comprendrez qu’il faut une sacrée dose de mauvaise foi pour attribuer la déforestation de l’Amazonie à la culture de soja pour substituts.

Véganisme et industrie

La 2e approche utilisée pour nous expliquer que les végans ne sont en fait pas si écolos que ça rejoint encore une fois un point abordé précédemment: l’association avec les grands industriels:

Un marché porteur… et polluant !

Les principaux fabricants d’aliments végans sont déjà la propriété des plus grandes firmes agricoles, et leurs véritables propriétaires sont, directement ou indirectement, Dupont, Bayer, ExxonMobil, General Electric, Microsoft, Pfizer, Philip Morris, Walmart, Danone, Coca-Cola… Bref, des entreprises appartenant au top 10 des pollueurs atmosphériques !

Et, un tout petit peu plus loin:

Ainsi, l’Impossible Burger, 100 % végétalien, lancé en 2016 par la start up Impossible Foods (activement soutenue par Bill Gates) s’est écoulé à 2,5 millions au début 2018 ! On devrait voir bientôt des “viandes” imprimées en 3D, à partir de cellules de boeufs et de porcs, cultivées dans des cuves de bio-incubateurs… Pas très écolo, tout ça !

Bon, je ne vais pas revenir sur la non validité de cette association. En soi, ce serait déjà suffisant pour réfuter cette accusation. Mais je vais quand même aborder un point qui m’intéresse, en particulier concernant la deuxième citation.

« Pas très écolo, tout ça! »: le moins qu’on puisse dire, c’est que le jugement est sans appel. Mais sur quoi se base-t’il? Sur des chiffrages des émissions de CO2 du process de fabrication? Encore mieux, sur une analyse comparée des impacts environnementaux de ce procédé et de l’élevage via des analyses de cycle de vie?

Non, rien de tout ça. Les seuls éléments sur lesquels s’appuie ce jugement péremptoire sont cités juste avant: « imprimées en 3D », « cultivées dans des cuves de bio-incubateurs ». Mais quel peut donc bien être le lien logique entre ces éléments et une telle sentence?

Un indice nous est donné un peu plus tôt:

Non seulement, ce développement favorise les grands groupes agro-industriels plutôt que les petits producteurs bio, mais se concocte dans une drôle d’arrière-cuisine : manipulations génétiques, biotechnologies… Rien de moins naturel !

Il semble donc qu’on juge ces process polluants car… ils ne sont pas naturels. Voilà un raisonnement bien étrange. Aux dernières nouvelles, l’impact écologique d’un procédé, ça se jugeait sur la base d’études scientifiques en mesurant les impacts environnementaux, pas sur son caractère naturel ou non.

En fait, on a là tout simplement un sophisme naturaliste inversé: plutôt que de nous dire que quelque chose est bon car c’est naturel, on nous dit que c’est mauvais car ça ne l’est pas. Malheureusement ça me semble assez symptomatique de la façon dont est majoritairement appréhendée l’écologie de nos jours. Plutôt que de se baser sur des faits, on se base sur l’adéquation d’une pratique avec l’idée que l’on se fait d’une nature idéalisée. Nature parfois quasiment élevée au rang de divinité qu’il ne faudrait surtout pas baffouer au risque de blasphémer.

L’écologie, ce n’est pas ça. L’écologie, c’est faire en sorte de minimiser notre impact négatif sur les écosystèmes qui nous entourent de façon à ce qu’ils puissent prospérer, pour leur propre bien et pour celui de tous les êtres sentients qui les composent, nous inclus.

L’écologie devrait être basée sur les faits, pas sur une préconception de ce qui est ou non naturel. Et jusqu’à preuve du contraire, la meilleure méthode qu’on connaisse pour établir des faits, c’est la science.

Et la science est aujourd’hui assez claire: notre niveau actuel de consommation de produits d’origine animale n’est pas soutenable. Que cela vous plaise ou non, c’est une réalité. Essayer de faire passer les végans pour d’affreux pollueurs n’y changera rien.

Les antispécistes, transhumanistes en puissance!

Le troisième axe de critique qui transparait dans cet article est d’apparenter les antispécistes à des idéologues intransigeants, voire pire, à des sortes d’apprenti sorciers, dont le but serait de modifier génétiquement les plantes, les animaux, et même les humains!

Oui, ça paraît un peu gros mais promis, je n’invente rien:

« L’antispécisme n’aime pas la nature et refuse de penser en termes d’espèces et d’écosystèmes », estime Paul Ariès. « Il aime les OGM, les AGM (animaux génétiquement modifiés) et demain, si c’était possible, les HGM (humains génétiquement modifiés).»

L’antispécisme, c’est quoi?

Avant de répondre à l’argument en tant que tel, il me semble nécessaire de préciser ce qu’est l’antispécisme puisque nous avons effectué ici un petit glissement de « végan » à « antispéciste ». Je ne pense pas apprendre quoi que ce soit à la plupart de mes lecteurs mais il faut le rappeler: les deux notions sont différentes.

On nous donne tout de même une définition de cette notion:

L’un des principaux théoriciens de l’anti-spécisme, philosophie qui considère qu’aucune espèce n’est supérieure à une autre (ni l’homme, ni les espèces animales entre elles) .

Bon, ce n’est pas tout à fait faux, mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus. Déjà, « supérieure », ça veut dire quoi? Parce que si on parle de temps au 100m, je serais tout à fait d’accord pour dire que les guépards sont supérieurs aux humains. Par contre, si on essaie de m’expliquer que cela leur donne un droit tout naturel à asservir et mettre à mort les humains à leur guise… Un peu moins.

Précisons donc un peu la notion: l’anti-spécisme est par construction une opposition au spécisme (Oui le « anti », c’est pour ça! Je sais, gros scoop.). Du coup le spécisme, c’est quoi? Ne nous embêtons pas et citons Wikipédia:

Le spécisme (…) est la considération que l’espèce à laquelle un animal appartient, par exemple l’espèce humaine, est un critère pertinent pour établir les droits qu’on doit lui accorder.

Bon, les utilitaristes qui passeraient par là vont hurler à l’évocation de la notion de droits, mais c’est pas trop mal!

Dans sa définition la plus simple, l’antispécisme est donc tout simplement une opposition à l’idée que l’appartenance à une espèce soit un critère pertinent à la détermination du statut moral à accorder à un individu.

Mais pourquoi une telle opposition? Tout simplement car l’espèce n’est qu’un concept permettant de classifier le vivant en plaçant les organismes apparentés dans un même groupe. En soi, ça ne nous dit rien sur les capacités d’un individu.

Ensuite, l’antispécisme peut se décliner sous énormément de formes différentes. Tout dépend de la théorie éthique qu’on y applique: utilitarisme, théorie des droits, théorie contractuelle, éthique de la vertu… Bref, derrière ce mot se cachent donc en réalité des positions extrêmement variées, qui peuvent même parfois être totalement opposées.

Ceci étant clarifié, voyons ce que Paul Ariès a à nous dire à ce sujet.

L’intransigeance antispéciste

L’idée est tout d’abord annoncée en nous expliquant que les antispécistes souhaiteraient la disparition de tout élevage, au risque de provoquer des famines dans les zones où les populations en sont dépendantes. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que c’est un homme de paille.

Les antispécistes ont en réalité souvent a minima 2 critères pour juger de la moralité d’une exploitation: la sentience et la nécessité. De façon simple, l’exploitation d’un être sentient (doué de subjectivité, capable de ressentir souffrance et/ou plaisir) est en général jugée immorale si elle est non nécessaire. A titre d’exemple, voilà ce que Tom Regan a à dire à ce sujet dans « Les droits des animaux »:

Il ne fait aucun doute que la viande est un aliment nutritif. (…) S’il était vrai qu’on ne pût obtenir autrement ces nutriments, alors les arguments plaidant pour la consommation de viande, même compte tenu de la théorie des droits, reposeraient sur des bases solides. Si nous étions certains de ruiner notre santé en étant végétariens, ou de courir un risque sérieux avec un tel régime, (…) alors nous ferions de nous-mêmes, et non des animaux, les plus mal lotis si nous devenions végétariens. Ainsi pourrions-nous faire appel au principe de liberté pour donner un fondement à la consommation de viande, en supposant que les autres conditions de ce principe soient satisfaites.

On en déduit donc que dans un contexte où l’abolition de l’élevage engendrerait une famine, celui-ci pourrait être considéré justifié. Le seul moyen de l’abolir serait alors d’assurer, si possible, un développement préalable permettant à la population d’avoir accès à une diversité alimentaire suffisante pour se passer de ses produits.

On nous parle ensuite de Gary Francione, qui parmi les auteurs antispécistes les plus connus est en effet l’un des plus intransigeants. L’auteure de l’article nous explique que celui-ci refuse de soutenir les initiatives visant à améliorer le sort des animaux d’élevage. On nous explique sa position ainsi:

Rendre l’abattage plus humain, loin de servir les intérêts animaux, augmenterait en effet la consommation carnée, en « dédouanant » les mangeurs de viande, ce qui serait donc contre-productif !

On sent comme une pointe d’ironie.

Bon, tout ceci n’est pas tout à fait faux, mais cela déforme tout de même un peu sa position. Francione refuse en effet d’apporter son soutien aux mesures visant seulement à réformer l’exploitation animale. Sa raison est simple: il pense que ces mesures n’apportent en réalité qu’une amélioration très marginale (voire inexistante) pour les animaux, et qu’elles ne servent en réalité qu’à faciliter leur exploitation: soit directement en permettant une meilleure productivité, soit indirectement en déculpabilisant le consommateur.

C’est une conclusion qu’il tire du bilan de plus d’un siècle de welfarisme (réforme de l’exploitation sans remise en cause de sa légitimité): nous n’avons jamais tué autant d’animaux et leurs conditions de vie n’ont jamais été aussi mauvaises.

Je ne vais pas débattre de la pertinence de cette position, je vous laisse lire ses livres si vous voulez vous faire votre propre avis. En revanche, je vais y apporter une précision: Francione n’est pas opposé à toute réforme. Il est souvent caricaturé comme un idéaliste inconséquent réclamant une abolition immédiate et qui serait opposé à toute notion de gradualité. Mais c’est faux. Preuve en est la citation suivante, tirée de son essai « Reflections on Animals, Property and the Law and Rain Without Thunder » :

The choice is not between doing nothing or pursuing traditional welfare. The choice is between reinforcing the property paradigm or challenging it. We can pursue the incremental eradication of the property status – and we can do so now – in a variety of ways starting with our own veganism and our educational efforts directed toward building an abolitionist movement with veganism as its moral baseline. To the extent that we choose to pursue laws, administrative regulations, or litigation, those efforts should be consistent with the abolitionist goal of the progressive recognition of the inherent value of nonhumans.

Traduction pour les non-anglophones:

« Le choix n’est pas entre ne rien faire ou rechercher des réformes welfaristes traditionnelles. Le choix est entre renforcer le paradigme de la propriété (qu’il considère comme sous-jacent à l’exploitation) ou le remettre en cause. Nous pouvons rechercher une éradication graduelle du statut de propriété – et nous pouvons le faire maintenant – de différentes façons en commençant notre propre véganisme et par nos efforts d’éducation destinés à construire un mouvement abolitionniste ayant le véganisme comme base morale. Si nous choisissons de rechercher des lois, régulations administratives, ou litigations, ces efforts devraient être cohérents avec le but abolitionniste de la reconnaissance progressive de la valeur inhérente des non-humains. »

(Bon, là comme ça je sais on dirait que la 2e phrase est un joli faux dilemme, ça le fait pas trop. Mais en vrai il a passé quelques dizaines de pages à justifier ça avant, promis!)

On voit là qu’il est a priori plutôt partisan d’une approche plus sociale, passant par la sensibilisation de la population. Mais il n’est en aucun cas opposé à la voie législative. En réalité, il demande simplement que les réformes que l’on demande soient cohérentes avec l’objectif abolitionniste, que ce soit dans leur objectif ou dans leur formulation.

Exemple simple: quand L214 s’intéresse aux poules pondeuses, la campagne est conçue de façon à demander l’interdiction pure et simple de l’élevage en cage, en insistant sur la cruauté de ce mode d’élevage. Elle n’est pas formulée pour mettre en avant l’élevage en plein air et expliquer que celui-ci est meilleur pour les animaux. Ni pour agrandir les cages et y mettre des perchoirs.

La position n’est donc pas aussi caricaturale qu’on pourrait le croire: elle consiste en réalité à ne pas soutenir les réformes visant à améliorer le sort des animaux d’élevage si et seulement si celles-ci risquent de légitimer leur exploitation.

Bon du coup, je crois que je viens d’écrire une dizaine de paragraphes pour répondre à un homme de paille. Qui l’eut cru. Et en plus, il est doublé d’une généralisation abusive. Francione n’est pas garant de la pensée de tous les antispécistes, comme expliqué un peu plus tôt. Ses thèses pourraient être absolument ridicules, ça ne conduirait qu’à le discréditer lui-même. En aucun cas l’antispécisme dans son ensemble.

Les antispécistes, ces apprentis sorciers!

On essaie maintenant de nous expliquer que les antispécistes sont de dangereux partisans de la modification du vivant. Je cite:

Ils se retrouvent aussi dans le camp des partisans de toutes les modifications génétiques : celles-ci permettraient par exemple d’empêcher les vaches de ruminer (les éructations de la panse des bovins représentent 14 % des gaz à effet de serre en 2013, selon la FAO), ou de rendre les animaux carnivores doux comme des agneaux, les empêchant de dévorer leurs congénères !

Intéressons-nous d’abord au premier exemple de modification génétique donné: empêcher les vaches de ruminer pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Prétendre qu’une telle chose puisse être défendue par des antispécistes est d’une malhonnêteté intellectuelle à peine croyable.

Une telle manipulation viserait au contraire à atténuer l’un des effets négatifs de l’élevage bovin de façon à pouvoir le faire perdurer. Il s’agit donc plutôt d’une idée défendue par des « écolos » qui souhaitent pouvoir continuer à manger leur steak sans culpabiliser. Surtout, il s’agit d’une proposition d’industriels qui souhaitent « verdir » leur production de façon à faire perdurer leur business et leurs profits.

Il ne s’agit en AUCUN cas d’une idée défendue par l’antispécisme. Et avouons qu’essayer de l’y associer juste après avoir tenté de nous faire passer pour des fous refusant d’améliorer la condition animale car cela pourrait contrevenir à la sainte abolition, il fallait oser.

Le 2e exemple fait référence, une fois n’est pas coutume, au mouvement RWAS (pour « Reduce Wild Animals Suffering » ou « Réduction de la souffrance des animaux sauvages » dans la langue de Molière). Ce mouvement existe bel et bien, et il s’agit bien ici d’une idée qui en émane.

Je ne vais pas disserter longtemps sur ce mouvement, pour la simple raison que je ne le connais pas. Je vais simplement signaler qu’il s’agit là encore une fois d’une généralisation abusive: ce mouvement n’est en aucun cas représentatif de l’ensemble de la pensée antispéciste, loin de là. De mon expérience, il s’agit plutôt d’un mouvement minoritaire et globalement assez décrié.

Ceci dit, la question de la souffrance des animaux sauvages est extrêmement intéressante: doit-on intervenir ou non? Il me semble qu’il s’agit d’un des sujets sur lesquels le mouvement est le plus divisé.

Certains auteurs sont partisans d’un non interventionnisme complet: en gros contentons nous de ne pas leur causer de torts, et laissons les vivre en paix. C’est à mon avis la position actuellement la plus répandue dans le mouvement.

D’autres, notamment le fameux mouvement RWAS, sont partisans d’un interventionnisme à grande échelle.

Entre les deux, on peut trouver des positions plus nuancées, comme celle que Sue Donaldson et Will Kymlicka proposent dans Zoopolis. Ils s’y inspirent de la politique humaine pour proposer de considérer les animaux sauvages comme membres d’une « nation souveraine ».

D’un côté, ils s’opposent à certaines formes d’intervention qui pourraient contrevenir à l’épanouissement des animaux sauvages. Sur ce point, ils citent une certaine Everett (en toute honnêteté, je ne la connais pas du tout):

Selon Everett, les animaux ne peuvent s’épanouir qu’à condition d’avoir la possibilité d’agir conformément aux traits et aux capacités qui leur sont propres. Or l’évolution de leurs capacités est indissociable des processus de prédation. Ceci est vrai au niveau collectif comme individuel. Les communautés d’animaux sauvages s’épanouissent lorsqu’elles sont capables de s’autoréguler, et les individus animaux s’épanouissent lorsqu’ils agissent conformément aux caractéristiques de leur être. (…) Nous ne devons pas intervenir pour sauver un cerf de son prédateur parce que les cerfs « s’épanouissent en tant que cerfs sans qu’il soit nécessaire de les protéger de leurs prédateurs non humains. Si cette aide leur était constamment offerte, il est probable que les cerfs ne pourraient plus s’épanouir conformément à leur nature ».

(Notons tout de même que c’est un argument qu’ils nuancent, notamment en expliquant que cet argument est difficilement défendable dans le cas d’une intervention ponctuelle (sauver UN cerf de façon exceptionnelle) mais qu’il est beaucoup plus cohérent dans le cas d’une intervention systématique (sauver TOUS les cerfs en empêchant la prédation).)

En revanche, ils n’excluent pas pour autant toute forme d’intervention:

Ce dont ils ont besoin , c’est d’une reconnaissance de leur droit à préserver leur mode de vie sur leur territoire ; en d’autres termes, ils ont besoin de souveraineté.

Respecter la souveraineté d’un groupe, qu’il soit humain ou animal, ce n’est pas seulement s’engager à le laisser vivre en paix. Le respect de la souveraineté d’un groupe n’exige pas nécessairement de celui-ci qu’il vive dans l’isolement et l’autarcie, il est au contraire tout à fait compatible avec diverses formes d’intervention. C’est parfaitement clair dans le cas des êtres humains, où les communautés autonomes exercent leur souveraineté en s’engageant dans des réseaux de coopération et en concluant des accords les unes avec les autres (y compris des accords concernant les règles de l’intervention humanitaire). Mais même dans le cas des animaux sauvages, c’est une erreur de penser que le respect de la souveraineté exige le respect inconditionel d’un principe de non-interférence. Toutes les interventions humaines ne représentent pas un menace pour les valeurs d’autonomie et d’autodétermination, certaines formes d’intervention positive permettent au contraire de les promouvoir. Imaginez qu’une intervention humaine puisse stopper le développement d’une nouvelle bactérie agressive et systémique qui s’apprête à envahir et dévaster un écosystème. (…) Dans ces circonstances, l’intervention humaine est en mesure de protéger la capacité des animaux sauvages à préserver leur mode de vie sur leurs territoires.

Il en tirent donc la conclusion suivante:

Nous n’avons pas le droit d’intervenir dans le fonctionnement interne des communautés d’animaux sauvages (prédation, chaînes alimentaires, etc.) si cette intervention compromet leur autonomie et risque de les placer dans une situation de dépendance irréversible et systématique à l’égard des humains. En revanche, nous avons le devoir de leur apporter une assistance positive lorsque celle-ci est compatible avec le respect de leur souveraineté.

Bref, vous l’aurez compris, réduire la pensée antispéciste à certaines des idées les plus extrêmes du mouvement RWAS sur ce point est totalement caricatural et malhonnête.

Le véganisme, une idéologie destructrice

Le dernier axe qu’on nous propose est d’assimiler le véganisme aux pires idéologies totalitaristes qu’il soit. Et l’article n’y va pas de main morte: cette idée est développé dans une section titrée « Végans: doux écolos… ou apôtres de la destruction? ». Rien que ça. Tout un programme en perspective.

Les végans, ces nazis

On commence donc par nous suggérer que le véganisme serait une porte ouverte sur des idéologies nationalistes, voire carrément sur le nazisme:

Mystiques, religieuses, voire sectaires, ces dérives ne datent pas d’hier. À travers une histoire bien documentée du courant de pensée végétarien, Paul Ariès rappelle qu’il a souvent été associé au culte de la force et d’une certaine pureté originelle – d’où son succès actuel chez les animalistes néo-fascistes, comme par exemple le groupe Troisième Voie, dissous après le meurtre de l’activiste antispéciste Clément Méric, en 2013.

Sur les forums néo-nazis et suprémacistes blancs, l’idée que le végétarisme conduit à une « civilisation pure » est associée à « une politique animaliste qui justifie le mépris envers certains humains », remarque Paul Ariès.

Le problème, c’est qu’en essayant de nous suggérer que le véganisme mènerait à ce type d’idées, M.Ariès opère ici une subtile inversion de la causalité. Quand il nous dit que le courant de pensée végétarien a «  souvent été associé au culte de la force et d’une certaine pureté originelle – d’où son succès actuel chez les animalistes néo-fascistes« , c’est bien ici ce type de pensée (culte de la force et d’une certaine pureté originelle) qui mène à adopter un mode de vie végan. Pas l’inverse. Idem pour les néo-nazis, c’est leur recherche d’une « civilisation pure » qui les mène au véganisme. Pas l’inverse.

Bien au contraire, le véganisme et surtout l’antispécisme sont le plus souvent associés au refus des discriminations. L’antispécisme puise même allègrement son inspiration dans les grandes luttes sociales pour la défense des droits humains. A titre d’exemple, Peter Singer dans son œuvre « La libération animale », s’inspire ouvertement des luttes contre le sexisme et contre le racisme:

Si un être souffre, il ne peut y avoir aucune justification morale pour refuser de prendre en considération cette souffrance. Quelle que soit la nature d’un être, le principe d’égalité exige que sa souffrance soit prise en compte de façon égale avec toute souffrance semblable (…) de n’importe quel autre être. Si un être n’a pas la capacité de souffrir, ni de ressentir du plaisir ou du bonheur, alors il n’y a rien à prendre en compte. Ainsi, c’est le critère de la sensibilité (pour employer ce mot comme raccourci pratique, mais en toute rigueur inexact, pour désigner la capacité à souffrir et/ou à ressentir du plaisir) qui fournit la seule limite défendable à la préoccupation pour les intérêts des autres. Fixer cette limite selon une autre caractéristique comme l’intelligence ou la rationalité serait la fixer de façon arbitraire. Pourquoi ne pas choisir quelque autre caractéristique encore, comme la couleur de peau? Les racistes violent le principe d’égalité en donnant un plus grand poids aux intérêts des membres de leur propre race quand un conflit existe entre ces intérêts et ceux de membres d’une autre race. Les sexistes violent le principe d’égalité en privilégiant les intérêts des membres de leur propre sexe. De façon similaire, les spécistes permettent aux intérêts des membres de leur propre espèce de prévaloir sur des intérêts supérieurs de membres d’autres espèces. Le schéma est le même dans chaque cas.

En somme vous l’aurez compris il n’y a aucun lien menant intrinsèquement du véganisme à ce genre d’idées. Et quant à l’antispécisme, il se positionne en opposition frontale de ce type d’idéologies discriminatoires.

La tentative de déshonneur par association est donc ici particulièrement grossière.

Véganisme et violence

Pour ce qui est des végans prônant l’action violente, oui, ils existent. Et alors?

Quasiment toutes les luttes politiques sont accompagnées d’une branche violente: lutte des classes, lutte contre l’esclavage, lutte pour les droits civiques, lutte féministe, lutte écologique… Bref, vous avez compris l’idée. La violence est inhérente à la lutte sociale et politique.

Cela rend il ces idéologies intrinsèquement violentes? En aucun cas. Pas plus dans le cas du féminisme que du véganisme. Il s’agit là en fait d’une violence « révolutionnaire ». Petite citation de Helder Camara pour comprendre de quoi il s’agit:

Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. 

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et le complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas pire de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

La violence végane, comme toute autre violence révolutionnaire est donc une réaction à une première violence, institutionnelle celle-ci: en l’occurrence, la violence inhérente à l’exploitation animale. A noter tout de même une différence importante sur cette question entre le véganisme et les autres luttes sociales: les militants n’ont pas la légitimité d’être eux-mêmes les victimes de cette violence institutionnelle.

Tout cela étant dit, cette violence est-elle légitime? A vous d’en juger. De mon côté, je suis plutôt partisan d’une approche pacifiste, faite de sensibilisation et de désobéissance civile non violente.

Mais que retenir de cette évocation de la violence? A mon avis, deux choses:

  • Paul Ariès commet une fois de plus une généralisation abusive: le fait que certains végans soient violents ne rend pas le véganisme intrinsèquement violent.
  • Paul Ariès, en dénonçant les violences véganes mais en omettant de dénoncer les violences inhérentes à l’exploitation animale, fait ici preuve d’hypocrisie.

Véganes, apôtres de la destruction

Là, on nous sort l’artillerie lourde, très lourde. On nous cite un manifeste antispéciste (« Only One Solution »):

« Dans un monde sans humains, les bébés hyènes continueraient à se battre sans répit les uns contre les autres, les guêpes à pondre dans les corps des chenilles, les femelles dauphins à subir des viols collectifs… La seule solution radicale, complète et véritable à la souffrance du monde est de le détruire ».

Curieux, je suis donc allé jeter un coup d’œil à ce manifeste.  Et c’est un fait, ils proposent bien de supprimer toute vie sentiente. Oui, ils sont sérieux.

Mais comment peut-on en arriver à tenir une telle position? Très honnêtement, je n’ai pas réussi à lire le manifeste jusqu’au bout mais de ce que j’en ai lu, les auteurs semblent dresser le constat que l’humanité est intrinsèquement violente, et que donc le seul moyen de stopper la violence qu’elle engendre est de la détruire.

De ce que j’ai pu lire, 2 choses m’ont frappé:

  • Le pessimisme de ce manifeste est absolument ahurissant. Dans une partie où ils font l’inventaire des luttes sociales pour justifier leur position, les auteurs nous expliquent que malgré ces luttes, les discriminations existant toujours. Factuellement, c’est tout à fait vrai. Mais dans ce passage, il n’y a quasiment AUCUNE évocation des progrès qui ont été faits. Bien que leur situation actuelle soit très loin d’être parfaite, il me semble quand même que les femmes, personnes racisées, homosexuels et autres personnes opprimées sont globalement dans une bien meilleure (ou plutôt moins mauvaise) position aujourd’hui qu’il y a 200, 100 ou 50 ans. Comment peut-on être pessimiste au point de ne pas voir ces avancées? Ca me dépasse.
  • Cette argumentation semble reposer sur un sophisme de la solution parfaite, servant à justifier un faux dilemme. En gros, on nous explique qu’il est impossible de rendre l’humanité non violente, et que donc il ne sert à rien de se battre en ce sens (solution parfaite). Dès lors, il n’y a que 2 solutions: ne rien faire ou annihiler l’humanité (faux dilemme). Mais je peux me tromper. Encore une fois, je n’ai même pas réussi à lire ça jusqu’au bout.

Je m’avance peut-être un peu, mais c’est à mon avis le problème de n’envisager le monde que par la souffrance. Mais quid du plaisir que l’on peut tirer de notre existence? Encore une fois, ça me parait incroyablement pessimiste: le verre est tellement perçu comme à moitié vide que l’eau semble en avoir disparu.

Bref, je ne vais pas disserter des heures sur le sujet, ce n’est pas la question. La question est: cette position est-elle représentative du véganisme? Vu ce que je viens d’écrire, vous ne serez probablement pas surpris par ma réponse: non.

Notons quand même que ce genre de position n’est pas non plus spécialement unique au véganisme. J’ai par exemple déjà entendu des écologistes dire que le seul moyen de préserver la biodiversité est d’annihiler l’humanité. Vais-je pour autant prétendre que l’écologisme et la défense de la biodiversité sont des idées dangereuses? Non.

Pourquoi donc? Tout simplement parce que ce serait faire une généralisation abusive sur la base d’un cherry picking éhonté. Et contrairement à Paul Ariès, je ne suis pas friand d’arguments fallacieux.

Conclusion

Comme dans ses précédentes prises de position, Paul Ariès use et abuse de malhonnêteté. Soyons clair: quand il parle de véganisme, Paul Ariès est un sophiste.

On pourrait me rétorquer que j’y vais un peu fort: après tout, peut-être ne fait-il en réalité que « mettre en avant les dangers possibles de cette idéologie ». Peut-être ai-je mal interprété son propos comme dénonçant le véganisme dans son ensemble alors qu’il ne fait en réalité qu’en dénoncer les excès.

Non. M. Ariès a démontré à maintes reprises qu’il est entièrement hostile au véganisme dans son ensemble. Preuve en est l’absence totale de nuance dans ses formulations:

  • « Pourquoi les vegans on tout faux! » en rouge sur la couverture de son livre et comme titre d’une tribune co-écrite avec Jocelyne Porcher et Frédéric Denhez et publiée dans Libération.
  • « J’accuse les végans de mentir sciemment », titre d’une tribune qu’il a publié dans Le Monde.
  •  « Le véganisme n’est pas en effet la poursuite du végétarisme et du végétalisme sous un autre nom, c’est une véritable idéologie politique qui sape les frontières entre les espèces tout en servant de cheval de Troie aux biotechnologies alimentaires comme les fausses viandes industrielles. », « Les végans sont les idiots utiles des fausses viandes, des faux fromages, des faux laits qui vont bientôt envahir nos étals, avec, par exemple, de la fausse viande réalisée à partir de cellules-souches. », propos tenus dans une interview accordée au Figaro.

Il est même allé jusqu’à créer un réseau « no vegan ». Bref, il se livre purement et simplement à une campagne de dénigrement du véganisme en bonne et due forme.

Ceci étant dit, j’ai moi aussi un message à adresser aux mangeurs de viande.

Ce que vous propose ici Paul Ariès, c’est l’exact opposé d’une démarche critique. C’est l’exact opposé d’une démarche scientifique. C’est l’exact opposé de l’ouverture d’esprit. Partir d’une conclusion et chercher les preuves pour la soutenir, c’est la pire chose à faire pour atteindre un jugement fiable. C’est se fier aveuglément à un biais de confirmation.

Je vous propose donc de faire l’exact opposé. Suspendez votre jugement quelques instants. Lisez la littérature antispéciste. Lisez aussi la littérature qui s’y oppose. Evaluez les arguments de l’un et de l’autre, en faisant abstraction de vos préconceptions. Voyez lesquels sont les plus rationnels, lesquels sont les plus convaincants. Et seulement alors prononcez votre jugement. C’est le seul moyen d’atteindre un jugement informé et rationnel.

Ce jugement vous appartient. Quelqu’il soit, agissez en conséquence. Et surtout, soyez prêt à le réviser si de nouvelles informations se présentent. Bref, soyez critiques.

[Edit 27/02/2019] Correction de trois erreurs:

  • Everett est une femme. Je l’avais mégenrée et je m’en excuse.
  • Ajout des nuances que Donaldson et Kymlicka ajoutent à l’argument d’Everett.
  • Le manifeste OOS propose bien de détruire toute vie sentiente. J’expliquais initialement qu’ils ne faisaient que l’évoquer mais que leur position était en fait d’annihiler la seule espèce humaine. Erreur due au fait que c’est bien cette 2e position qu’ils mettent en avant en introduction, et que comme précisé, je n’ai pas eu le courage de tout lire!

Merci aux Cahiers Antispécistes pour ces corrections.

[Edit 28/02/2019] 2 modifications:

  • J’avais initialement écrit dans la partie « véganisme et production céréalière » que le PQR prenait en compte l’assimilabilité des protéines. Après vérification, ça ne semble pas être le cas. J’ai donc retiré cette mention.
  • On m’a fait remarqué que ma présentation des résultats de cette même étude était probablement un peu trop catégorique étant donné son contenu. Après l’avoir relue, je suis plutôt d’accord: je me suis probablement fait avoir par mon propre biais de confirmation. J’ai donc apporté plus de nuances à ma conclusion.

(8 commentaires)

  1. !i me vient une réflexion après avoir lu les premiers paragraphes : le cours du tourteau de soja n’a-t-il pas grimpé depuis que les industriels (de la charcuterie bas de gamme, mais pas seulement) se sont faufilés dans le créneau « simili carnés » ? Je n’ai pas la réponse, je pose seulement la question…

    En tout, cas, pour les mêmes industriels qui se convertissent en fabricants de simili-carnés, le profit est indubitable : il est plus aisé et infiniment moins coûteux d’acheter et de stocker des tourteaux de soja et des tonnes de tonyu que des blocs de viande, de plasma, de gélatine de porc congelés… Ca se conserve très longtemps et à moindre coût, le prix d’achat est beaucoup plus bas, la production probablement pas plus compliquée et un kilo de saucisses ou de steak vegan se vend plusieurs fois plus cher que le même produit en version d’origine.

    En plus, un fromage ou un steak vegan, s’il contient à peu près autant de calories qu’un fromage ou un steak de boeuf, n’a que rarement la même proportion de protéines et de lipides. Pour un apport égal en protéines, il faut beaucoup plus de produit fini, mais peu importe : pour le chaland, « steak » veut dire « apports identiques à ceux d’un steak de boeuf », quoiqu’il contienne en réalité.

    Il ne faut pas rêver : une grosse proportion du consommateur occidental se nourrit des pires rebuts de l’industrie agro-alimentaire, et vegan ou non, ça ne changera pas. Si les industriels s’intéressent à l’alimentation végane, ça n’est pas par souci éthique : c’est bien parce qu’il y a promesse de pépettes à l’arrivée, et tant pis pour la santé du consommateur (ça n’est pas nouveau !). C’est bien parce qu’ils sont certains qu’ils auront la main-mise sur le consommateur de demain, encore plus qu’aujourd’hui.

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    1. Ah clairement, je ne pense pas que les industriels qui se lancent de ce genre de productions le fassent par altruisme. S’il le font, c’est qu’ils y voient un marché à investir. Et donc des profits à faire.

      Mais je ne pense pas que le véganisme fasse particulièrement plus leur jeu que les mangeurs de viande. On n’a pas besoin de simili-carnés en étant vegan. Pas plus qu’on n’a besoin de cordon bleu industriel en étant mangeur de viande. Mais comme vous le dites, une bonne partie des consommateurs achèteront ces produits, vegan ou non. A titre personnel j’en consomme très peu, je préfère les produits bruts.

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  2. Bonjour Nicolas,

    Merci encore une fois pour cet excellent article et pour le temps que tu y as consacré ! C’est vraiment super pertinent et très inspirant.

    2, 3 petites choses:

    « les éructations de la panse des bovins représentent 14 % des gaz à effet de serre en 2013, selon la FAO » je croyais que c’était l’élevage dans son ensemble, les fameux 14,5% plus que les transports…

    « Mais quand on sait que 33% (d’après la FAO) des terres arables » je croyais que c’était 1/3 des terres émergées et 2/3 des terres arables…

    Dans ton article « Elevage, sécurité alimentaire et utilisation des terres: un immense gaspillage? » en t’appuyant sur l’étude de Mottet et al. (2017) tu précises que : « En prenant en compte une partie des terres utilisées par les coproduits consommés par l’élevage, on arrive à environ 40% des terres arables dédiées à l’élevage. »

    D’après Poore et Necemek (2018), une étude d’ampleur qui a collecté des données sur 38000 exploitations agricoles, la surface de terre arable monopolisée par l’élevage serait plutôt de 83%… (https://science.sciencemag.org/content/360/6392/987.full)

    J’avoue être un peu perdu là.. qu’en penses-tu ?

    Merci d’avance pour ta réponse,

    Véganement

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    1. Salut Jonathan !

      Pour ta première remarque, tu as tout à fait raison. Je ne fais que citer l’article que je critique mais en effet cette affirmation est fausse. Il s’agit bien de 14.5% sur l’ensemble du cycle de vie. Et cela représente plus que les émissions directes des transports, mais moins que leurs émissions sur l’ensemble du cycle de vie.

      Pour les chiffres sur les terres arables, il faut bien différencier les terres arables, propices à la culture de végétaux, des terres agricoles qui incluent également les prairies. Le chiffre de 2/3 correspond plutôt aux terres agricoles je pense. Pour l’étude de Poore et Necemek ; je ne l’ai pas encore lue mais je vois qu’ils parlent de « farmland », il est possible que cela inclue également les prairies.

      Après les chiffre peuvent pas mal varier d’une source à l’autre parce qu’ils dépendent énormément des hypothèses : à partir de quand considère-t’on qu’une terres est une « terre agricole » ? Si elle l’est, à partir de quand considère-t’on qu’elle est arable ? Quand une terre arable fournit plusieurs produits (exemple du soja avec huile et tourteau), comment affecte-t’on l’usage de cette terre à un secteur économique plutôt qu’à un autre ?

      Bref, il n’y a pas vraiment de réponse précise… il faut surtout retenir les ordres de grandeur : entre 30-40% de terres arables utilisées par l’élevage. Pour les terres agricoles j’ai vus des chiffres allant de 50% (Mottet et al.) à plus de 80% (Poore et Nemecek)… Je n’ai pas encore suffisamment creusé ce point là pour savoir à quoi sont dues ces différences.

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  3. Concernant le soja, je me suis permis de reproduire une partie de ton article en le référençant dans les commentaires de l’article suivant:
    https://e-rse.net/soja-alimentation-animale-humaine-vegetarien-268852/#comment-4628344853

    Voici la réponse de Clément FOURNIER (Rédacteur en chef du site http://e-RSE.net) :

    Le fait est que, historiquement et techniquement, on produit d’abord de l’huile et on obtient par ce biais un résidus qui est le tourteau. C’est la définition d’un sous produit.

    « Le fait est, aussi, que dans la réalité agricole, le produit A n’est rentable que dans la mesure où il existe aussi le produit B. On ne ferait pas de tourteaux (en tout cas pas à ce prix) s’il n’y avait pas également le débouché de l’huile, et c’est la même chose dans l’autre sens.

    Vous raisonnez comme si le fermier qui produit le soja vendait de l’huile et / ou du tourteau. Ça ne fonctionne pas comme ça. Le soja est vendu brut au prix courant du bushel à des industriels (les soy-crushers) qui transforment le soja brut en huile et en tourteau. Une fois le soja transformé, les deux sous-produits sont revendus à des prix distincts à d’autres industries (l’agro-alimentaire humaine pour l’huile et l’alimentation animale pour les tourteaux). Le prix de ces deux sous-produits varie en fonction de plusieurs facteurs internes à leurs marchés respectifs (concurrence des autres crops, spéculation, demande…) mais la rentabilité du produit « soja » est liée à la rentabilité de l’huile comme du tourteau. À certains moments, c’est le marché de l’huile qui drive la demande et le prix du soja, à d’autres momens c’est le tourteau. Ça dépend de la conjoncture sur le marché. C’est très bien expliqué ici : https://www.thebalance.com/

    « [In 2015] soybean oil demand was healthier than that of meal throughout the course of the year. China, a huge consumer of soybean oil given the nation’s massive population supported the price of soybean oil as they consumed and built inventories of the soybean product for the future. Even though the price of the overall crush spread fell, processing raw soybeans into soybean oil was profitable on its own while meal processing was not. »

    Dire que l’une des industries du soja est responsable « de la déforestation » ou que c’est l’autre c’est méconnaître la réalité économique de ces produits ainsi que leur réalité agricole. Même si on pouvait le faire, supprimer l’une de ces industries ne ferait pas disparaître l’autre. Sans doute l’industrie du soja en général serait-elle moins profitable, et sans doute observerait-on une restructuration des prix voire des marchés, mais ce n’est pas pour ça qu’on arrêterait la déforestation ou les conséquences de la culture du soja. Par exemple, ces derniers mois, la guerre commerciale US-Chine a fait monter le prix du soja américain importé par les crushers Chinois. Résultat : la demande chinoise sur le soja a baissé de 11%, et ce sont les importations de fruits du palmiers (pour faire de l’huile de palme) qui ont augmenté pour compenser. Pas sûr que ça soit mieux… Surtout que le tourteau de palme n’a quant à lui pratiquement aucun intérêt nutritionnel donc il est le plus souvent gaspillé.

    Bref, il ne faut pas avoir de discours simpliste basé sur des intuitions simplistes quand on décrit des réalités complexes. L’industrie du soja ce n’est pas juste le tourteau ou juste l’huile. C’est toute une gamme de produits qui participent au marché, de l’huile en passant par le tourteau et jusqu’aux biocarburants et encore d’autres produits. L’un ne va pas sans l’autre.

    Blâmer l’un sans regarder l’autre c’est se tromper de combat. »

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  4. Intéressant ! Evidemment, dès qu’on touche à l’économie le sujet devient extrêmement complexe.

    Ceci dit, je ne suis pas expert dans le domaine mais il me semble que le fait que la majeure partie de la valeur soit portée par le tourteau est plutôt une exception pour les plantes utilisées pour produire de l’huile : que l’on regarde le fruit de palmier, le colza ou le tournesol, c’est bien l’huile qui porte la majorité de la valeur.

    Reste bien sûr que même si le tourteau représente la majorité de la valeur, la rentabilité est au final dépendante des deux. Simplement dans la littérature scientifique les impacts sont souvent attribués en fonction de la fraction de valeur ou de masse de chaque sous–produit : par exemple Mottet et al. fixent un critère à 66% de la valeur pour attribuer un impact l’élevage. Si le sous/co-produit valorisé par l’élevage représente plus de 66% de la valeur totale, alors l’impact est attribué à l’élevage (d’après leur calcul le soja est le seul à vérifier ce critère d’ailleurs).

    Quoiqu’il en soit, que l’impact soit attribuable à l’élevage ou non, une chose est sûre : attaquer le véganisme sur la base des impacts liés à la culture de soja comme le fait M.Ariès est absolument ridicule. Le tourteau est valorisé par l’élevage, que les véganes boycottent, et l’huile est utilisée pour toute sorte de produits, qui n’ont rien de spécifiquement véganes.

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