Agronomie

Dix kilos de végétaux pour un kilo de viande : l’élevage se sert il dans nos assiettes ?

Voilà une stat qu’on peut entendre fréquemment : pour produire un kilo de viande, il faut dix kilos de végétaux. Dans la bouche d’un.e animaliste, ce chiffre peut être utilisé dans différents contextes : impact de l’élevage sur l’utilisation des sols, réponse à l’argument du cri de la carotte… Mais c’est son utilisation dans un contexte bien particulier qui m’intéresse aujourd’hui : celui de la disponibilité alimentaire. Ici l’argument est souvent qu’étant donné qu’il faut dix kilos de végétaux pour produire un kilo de viande, l’élevage contribuerait à la faim dans le monde. Mais ce chiffre est-il pertinent dans ce contexte ? C’est ce qu’on essaie de voir aujourd’hui.

Au programme : définitions des efficiences brute et nette puis analyse des résultats d’efficience nette à l’échelle mondiale. A noter que certains points ne seront volontairement pas traités dans cet article : utilisation des sols, possibilités de valorisation non alimentaire, etc.

J’ai aussi traité ce sujet en vidéo ! Si tu veux y jeter un coup d’œil, c’est ici :

Note : cet article est une mise à jour de l’article « Dix protéines végétales pour une protéine animale, vraiment?« . La structure globale en est donc la même et certains passages sont quasiment identiques. Les principales différences viennent de la prise en compte d’une étude supplémentaire et d’une critique un peu plus poussée des études utilisées.

L’efficience brute de conversion

Méthode de calcul

Ce que l’on cherche à mesurer ici, c’est l’efficacité avec laquelle les animaux d’élevage convertissent les matières premières végétales (en général) de leur alimentation en produits animaux destinés à la consommation humaine. Par simplicité, j’appellerai à partir de maintenant les premiers les « intrants » et les seconds les « sortants ». Cette efficacité, c’est ce qu’on appelle une efficience de conversion. Mais comment la calcule t’on ?

La première méthode, c’est de caculer ce que l’on appelle une efficience brute de conversion. Il s’agit ici simplement du ratio entre la quantité d’intrants et la quantité de sortants. En gros, on a donc: EC = sortants/intrants, où EC est l’efficience brute de conversion. Ce calcul peut être fait soit directement en terme de quantité d’aliments, soit en terme d’énergie, soit en termes de nutriments (protéines, glucides, lipides…).

En réalité, c’est un peu plus compliqué que ça. Il faut notamment faire attention au périmètre pris en compte: dans un élevage, tous les animaux ne sont pas productifs. Certains sont destinés à la reproduction, d’autres sont en période de croissance… Les résultats seront donc différents suivant si les besoins de ces animaux sont pris en compte ou non. Mais bref, je vous passe les détails.

En général, on s’intéresse surtout aux résultats en terme d’énergie et de protéines, car on considère souvent qu’il s’agit des deux principaux apports nutritifs des produits animaux. Dans ce cas on parle d’efficience brute de conversion en énergie et en protéines. Pour les calculer, il suffit de prendre en compte les teneurs en énergie ou en protéines des intrants et des sortants.

En général, les chiffres sont communiqués sous une forme légèrement différente , que l’on appelle communément FCR pour « Feed Conversion Ratio ». Il s’agit simplement de l’inverse de l’efficience. On a donc FCR = 1/EC = intrants/sortants. Ce fameux chiffre de dix kilos correspond donc à un FCR.

Certaines des études que j’utilise présentent leurs résultats en EC ([1], [2]) alors que d’autres les présentent en FCR [5]. Etant donné que le FCR me semble un peu plus intuitif à comprendre, j’ai ramené tous les résultats dans ce format.

Résultats

Laisse et al. [1] nous proposent quelques valeurs pour différents types d’élevage français, que j’ai résumés dans le tableau ci-dessous. Six filières d’élevage sont considérées : bovin laitier (BL), bovin viande (BV), ovin viande (OV), porcin (P), poulet de chair (Pch) et poules pondeuses (PP). Pour les 4 premières, deux systèmes d’élevages sont considérés à chaque fois. Je vous en passe la description, toutes les infos sont dans l’étude (disponible gratuitement) si vous êtes curieux.

FCRp correspond au FCR brut en protéines et FRCe à celui en énergie.

FCR brut de différents différents types d’élevage selon Laisse et al. [1].

Première chose, on voit que le FCR brut est toujours supérieur à 1, que l’on parle de protéines ou d’énergie. Jusque là, rien de bien surprenant : il faut bien que les animaux utilisent une partie des intrants pour rester en vie.  Notons au passage que le FCR énergétique est à chaque fois supérieur au protéique : les animaux semblent donc mieux convertir les protéines que l’énergie.

Ensuite, on voit que le FCR protéique pour la production de viande de ruminants (ovins et bovins) dépasse allègrement les 10… Il faut donc plus de 10 protéines végétales pour en produire une animale. Et plus de 25 calories végétales pour en obtenir une animale ! Bon du coup y’a pas photo, non ? L’élevage nous prend bel et bien plus de dix fois ce qu’il nous met dans l’assiette !

Pas si vite ! Tout d’abord, on notera qu’il s’agit là du pire cas. Les résultats des autres filières sont tout de même nettement meilleurs : en protéines, environ 4,5 pour le lait, 2,5 pour le porc, 2 pour le poulet et 3,5 pour les œufs. Utiliser le chiffre de 10kg pour parler de l’élevage en général serait donc faire une généralisation abusive. Et ça, c’est pas bien.

Mais on pourrait me dire que je chipote. Après tout, que ce soit 10, 4,5 ou 2, l’important est que c’est toujours plus que 1 ! Et puis à voir les résultats l’élevage est donc bien un gaspillage de ressource ! Ah ! Dans les dents les carnistes !

Du calme, du calme… On a oublié un paramètre important. Pour que l’élevage soit un gaspillage de ressources alimentaires, il faudrait déjà que ces ressources soient utilisables sans lui. Autrement dit, il faudrait s’assurer que les intrants sont bel et bien consommables pour l’humain. Spoiler: ce n’est pas forcément le cas. Mais à moins que vous appréciez grandement manger de l’herbe, j’imagine que vous vous en doutiez un peu.

Il nous faut donc un moyen de prendre en compte la part des intrants consommable pour les humains… Ça tombe bien, les chercheurs en ont créé un !

L’efficience nette de conversion

Méthode de calcul

L’efficience nette se calcule sur le même modèle que l’efficience brute : il s’agit d’un ratio des sortants sur les intrants. La différence est qu’ici, on ne prend pour chacun que la partie consommable par l’humain. Pour cela, il faut pour chaque aliment consommé par l’animal, et pour chaque produit résultant de son exploitation, estimer la part consommable par l’humain. Bien sûr, il faudra évaluer ces parts séparément suivant si l’on s’intéresse à l’efficience protéique ou à l’efficience énergétique.

On peut aussi présenter les résultats sous la forme d’un FCR. Comme pour l’efficience brute, le FCR net est simplement l’inverse de l’efficience nette. C’est sous cette forme que je vais présenter les résultats.

Mais comment calculer ces parts consommables ? Là, ça se complique un peu puisque tout dépend de ce que l’on entend par « consommable ».  Et là les hypothèses peuvent varier d’une étude à l’autre : Ertl et al. [2] semblent simplement prendre en compte la portion physiologiquement consommable par l’humain, sans se soucier de savoir si cette portion est effectivement consommée.

A l’inverse, Laisse et al. prennent en compte la façon dont ces produits sont effectivement transformés ainsi que les habitudes alimentaires des Français. Ces différentes hypothèse peuvent mener à des résultats très différents : ainsi Ertl et alattribuent au grain de maïs une portion de protéines consommables de 70%, contre seulement 15% pour Laisse et al. L’écart est dû au fait qu’en France, le maïs pour la consommation humaine est principalement utilisé pour son amidon. Son contenu protéique est donc assez peu valorisé.

Cette approche n’est pas inintéressante mais dans une perspective animaliste qui implique un changement drastique de nos habitudes alimentaires, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus pertinent : rien ne garantit qu’après un tel changement, le maïs soit encore principalement valorisé pour son amidon. L’approche de Ertl et al. est probablement plus intéressante de ce point de vue : elle permet de se faire une idée du potentiel de gain ou de perte d’efficience suite à une suppression de l’élevage.

Par ailleurs, il faut aussi prendre en compte que la valorisation des matières premières végétales en alimentation humaine est dépendante des techniques de transformation, et donc également des avancées technologiques en la matière. Bref, il faut garder à l’esprit que les résultats seront ici forcément assez sensibles aux hypothèses.

Résultats

Les résultats pour le FCR net sont présentés dans le graphique ci-dessous. J’y ai regroupé à la fois les résultats de Laisse et al. et de Ertl et al.. Les résultats de cette seconde étude sont ceux des systèmes d’élevage indiqués par un indice « ² ».

En plus des filières abordées dans la figure précédente, on trouve donc également ici les résultats donnés par Ertl et al. pour l’élevage caprin (CA) et pour l’élevage de dindes (DI). Point intéressant, le système BV4 correspond à la seule période d’engraissement dans un feedlot : pratique consistant à engraisser les animaux en les nourrissant principalement au grain pendant une courte période avant leur abattage. A noter que ce type de système n’existe pas en France.

Avant d’analyser les résultats, deux petites remarques sur la lecture du graphique. Tout d’abord, j’ai placé l’axe à 1 : ainsi les systèmes contributeurs apparaissent avec une barre vers le bas et les consommateurs avec une barre vers le haut. Cela rend à mon avis leur identification plus immédiate.

Deuxième chose, l’axe vertical est logarithmique (de base 2). Pour les non matheux, ça veut simplement dire que l’écart entre deux graduations représente une différence d’un facteur 2 entre les valeurs. Pourquoi ce choix? Car je me suis rendu compte qu’une échelle linéaire biaisait la lecture des résultats en défaveur des systèmes contributeurs : un système avec un FCR de 2 se retrouvait 2 fois plus éloigné de la valeur d’équilibre qu’un système avec FCR de 0.5. Pourtant il y a à chaque fois un facteur de 2 vis à vis de l’équilibre, mais simplement dans des sens opposés. Avec une échelle logarithmique, la distance est la même dans les deux cas.

FCR nets pour différents modes d’élevage selon Laisse et al. [1] et Ertl et al. [2]

Que tirer de ces résultats ? Première chose, on voit qu’avec cette méthode de calcul, certains systèmes d’élevage atteignent un FCR protéique net inférieur à 1. C’est notamment le cas des bovins, en particulier pour la filière laitière. Ça peut cependant également être le cas pour la filière viande, comme le montre le système BV3. Certains systèmes d’élevage pour les ovins, les porcins et les poules pondeuses peuvent également descendre sous ce seuil de 1.

On peut aussi noter de gros écarts entre les résultats en FCR protéique de Laisse et al. et de Ertl et al. pour les élevages de poules (œufs comme viande) et de cochons (P1, P2, PCH1, PP1). Ceci est dû aux hypothèse prises sur la part consommable de protéines dans le grain de maïs, comme évoqué précédemment. Pour tous ces modes d’élevage, la ration comprend entre 25 et 50% de maïs : il n’est donc pas surprenant de voir de meilleurs résultats chez Laisse et al. que chez Ertl et al. On peut aussi noter que les résultats de Laisse et al. présentent de gros écarts entre FCR protéique et énergétique. Cela est aussi dû à la forte proportion de grain de maïs : la part d’énergie consommable, à 63%, est bien supérieure à celle de protéines.

Par ailleurs, il est particulièrement intéressant de noter que les ruminants, et en particulier les bovins, passent d’une position de dernier de la classe à une position bien moins embarrassante. C’est particulièrement vrai pour l’élevage laitier qui est le seul, avec le système BV3 dans une moindre mesure, à réussir à être clairement contributeur en terme d’énergie. Rien d’étonnant à cela : les ruminants présentent la capacité de se nourrir à partir d’herbe et autres fourrages sans aucune valeur nutritive pour l’humain. Il est donc logique que des systèmes d’élevage basés sur ce type d’alimentation présentent de bonnes efficiences nettes.

Que conclure de ces premières observations ? Tout d’abord qu’il faut bien faire attention aux hypothèses pour interpréter les résultats de ce type de calcul : c’est ce que nous montre les écarts entre les deux études. Ensuite, tout simplement que les efficiences nettes pour une même filière peuvent être très différentes suivant le système d’élevage considéré, comme le montre les écarts entre BL1 et BL2 ou BV3 et BV4. Et aussi accessoirement que se baser sur les chiffres d’efficience brute des bovins pour dénoncer l’inefficacité alimentaire de l’élevage en général, en plus d’être une généralisation abusive, c’est un peu tendre le bâton pour se faire battre.

Deuxième point intéressant, le FCR protéique est encore une fois meilleur que l’énergétique. L’écart peut même être très marqué comme le montrent les systèmes BV1 et BV2. Cela confirme notre observation précédente : les animaux convertissent mieux les protéines que l’énergie. En l’occurrence, seul la filière bovine laitière semble présenter une efficience énergétique nette clairement positive. Si l’élevage semble bien pouvoir contribuer de façon positive à l’apport en protéine, ça semble beaucoup moins bien engagé pour l’apport énergétique. Or, si l’on en croit le rapport de feu l’AFSSA de 2007 [3], il n’est pas sûr que juger du bien fondé de l’élevage sur sa capacité à fournir des protéines soit vraiment judicieux : il semble qu’en France, et dans la plupart des pays occidentaux, l’apport en protéine soit globalement supérieur aux recommandations. Bien entendu, la situation sera toute autre dans des pays où l’apport protéique est plus problématique.

Sensibilité aux hypothèses

Comme je l’ai dit un peu plus tôt, les résultats sont très dépendants des hypothèses prises lors du calcul des portions consommables par l’humain pour chaque type d’intrant et de sortant. En plus des résultats présentés précédemment, chacune des deux études s’intéresse aussi à au moins un scénario alternatif.

Ertl et al. prennent ainsi en compte un scénario dans lequel sont maximisées les portions consommables à la fois des intrants et des sortants. Laisse et al. dissocie au contraire les deux en étudiant séparément la sensibilité des résultats aux hypothèses prises sur les intrants et les sortants. Pour ce dernier cas, il est intéressant de noter que le gain d’efficience entre la situation actuelle et une situation dans laquelle la valorisation des produits animaux serait maximale est assez faible.

On peut donc supposer que les résultats obtenus par Laisse et al. dans le scénario où la valorisation des intrants est maximisée seraient du même ordre de grandeur, mais légèrement supérieurs, si les hypothèses était les mêmes que dans Ertl et al.

Par soucis de simplicité, j’ai donc rassemblé les résultats d’efficience protéique des deux études sur le même graphique. Mais en toute rigueur, il faut se rappeler que je fais là un raccourci et que les scénarios des deux études ne sont pas directement comparables.  A noter également que je ne détaille pas les résultats d’efficience énergétique car ces données ne sont pas détaillées dans Laisse et al.

Potentiel d’évolution du FCR net protéique pour différents modes d’élevage selon Laisse et al. [1] et Ertl et al. [2]

Ces avertissements étant faits, voyons ce que nous disent les résultats. On voit que dans les scénarios potentiels, quasiment aucun système d’élevage ne produit plus de protéine qu’il n’en consomme. La seule exception claire est l’élevage bovin laitier. Notons tout de même que le système OV1 n’est pas très loin de l’équilibre et qu’il en serait a fortiori encore plus proche si la valorisation de ses sortants était également maximisée.

Que déduire de ces résultats ? Un constat semble assez clair : d’après ces deux études, l’élevage, hors bovin laitier, ne serait clairement pas un bon moyen de produire des protéines dans un monde où la valorisation des protéines végétales serait optimisée. Cela ne nous dit cependant rien sur le réalisme de tels scénarios. Sur ce point, il est à noter que le scénario de Laisse et al., par ses hypothèses plus conservatrices, me semble plus probable que celui de Ertl et al., 2016.

Prise en compte de la qualité nutritionnelle des protéines ?

Concernant l’efficience protéique, il reste un facteur important que nous avons négligés : d’un point de vue nutritif, toutes les protéines ne se valent pas. Les protéines végétales sont en général considérées de moins bonne qualité en raison d’une digestibilité plus faible et d’un moins bon équilibre dans leur composition en acides aminés. Il peut donc être intéressant de prendre ces différences en compte. C’est ce que nous proposent Ertl et alvia une méthode décrite dans une étude antérieure (Ertl et al., 2015 [4])).

Cependant, cette approche semble poser quelques problèmes. Plutôt que de vous donner mon propre avis (qui ne vaudrait de toute façon pas grand chose), voici plutôt ce que Laisse et al. ont à dire à ce sujet :

Cette approche qui met clairement en évidence l’incrément de qualité nutritionnelle des protéines par les productions animales présente cependant quelques limites. D’une part, les mesures de digestibilité utilisées pour calculer le DIAAS (Note : il s’agit d’un indicateur de la qualité nutritive des protéines, sur lequel est basé la méthode discutée ici) des produits végétaux ont souvent été obtenues sur les matières premières brutes, alors que l’Homme consomme le plus souvent ces produits transformés, à minima cuit, ce qui permet d’augmenter la digestibilité des protéines végétales. D’autre part, le combinaison des sources protéiques par l’élevage n’est pas censée répondre aux besoins humains en terme d’équilibre en acides aminés. Ainsi, les sources de protéines végétales peuvent être combinées différemment par l’Homme pour rétablir l’équilibre en acides aminés indispensables, c’est notamment le cas des céréales et des légumineuses dont la complémentarité permet un rééquilibrage en lysine et en acides aminés soufrés. 

Et un peu plus loin dans la conclusion:

Enfin, le différentiel de qualité entre protéines végétales et animales pour l’alimentation humaine mériterait d’être pris en compte dans les calculs d’efficience protéique, mais il pose des questions méthodologiques qui ne sont pas encore résolues.

Etant donné ces problèmes méthodologiques, je ne vais pas m’étendre bien plus longtemps sur le sujet. C’est clairement un point intéressant à prendre en compte mais en l’état actuel, il me parait compliqué de tirer des conclusions pertinentes de la prise en compte de ce point dans les études.

Une vision plus globale

Ces deux études nous ont permis de préciser un peu le sujet et d’apporter quelques nuances : on a vu que bien que la méthode soit assez sensible aux hypothèses, il est important pour évaluer la contribution de l’élevage à la disponibilité alimentaire de prendre en compte le fait que les animaux consomment en partie des aliments non consommables par l’humain. Ainsi on a pu voir que bien que la contribution semble en général rester négative, elle pouvait devenir positive pour certains modes d’élevages.

C’est déjà une conclusion intéressante en soi, qui devrait nous inciter à faire attention aux généralisations un peu trop rapides. Cependant ces deux études ne se concentrent que sur certains types d’élevages bien spécifiques sans fournir aucune donnée sur la représentativité de ces de ces systèmes. C’est utile pour nous rappeler d’éviter les généralisations mais il serait quand même bien d’avoir des données un peu plus générales, histoire de se faire un avis un peu plus construit sur ‘The Big Picture’ comme diraient nos amis anglosaxons.

Pour ça on va utiliser une étude de la FAO, par Mottet et al. [5]. Cette étude fournit des chiffres de FCR à l’échelle globale pour 4 grands types d’élevage : bovin (laitier et viande confondus), petits ruminants, volailles, cochons.

Première information intéressante fournie par cette étude : 86% des aliments utilisés par l’élevage sont non consommés [a] par l’humain à l’heure actuelle. Voilà qui souligne bien l’importance d’utiliser l’efficience nette plutôt que l’efficience brute. Seconde information : pour obtenir un kilo de viande il faut en moyenne 2.8 et 3.2kg de végétaux consommables pour les ruminants et les monogastriques. Attention cependant : ces chiffres n’incluent pas les tourteaux de soja.

Pourquoi ne pas inclure ces tourteaux ? Justification : car 97% de la production est destinée à l’élevage. Ce n’est certes pas faux, mais cela rend il ces produits non consommables ? Absolument pas. Ils sont transformables en PST et surtout ils proviennent d’un produit tout à fait consommable avant transformation : la graine de soja. Les exclure est donc particulièrement discutable. D’ailleurs, aussi bien Laisse et al. que Ertl et al. les avaient inclus. Heureusement Mottet et al. ont calculé deux valeurs distinctes pour le FCR protéique net : une les incluant et une les excluant. J’ai donc choisi d’utiliser la première. Malheureusement, seul le FCR protéique a été calculé. Aucun calcul de FCR énergétique en vue. On va donc se contenter de FCR protéique, tout en se rappelant que ses résultats sont bien plus favorables à l’élevage que ceux du FCR énergétique. On ne pourra donc pas m’accuser de biaiser l’analyse à l’encontre de l’élevage, bien au contraire.

Les résultats sont présentés dans les graphiques ci-dessous : chaque graphique correspond à un grand type d’élevage en différenciant les chiffres pour différents systèmes. Y sont aussi différenciés les résultats dans l’OCDE et en dehors. Enfin, le pourcentage au dessus de chaque barre correspond à la part de ce système d’élevage dans la production totale.

Commençons par l’élevage bovin : on voit tout d’abord que le FCR se dégrade en progressant d’un élevage en pâturage vers un élevage en feedlots. Les résultats pour les feedlots sont particulièrement mauvais : on approche d’un ratio de 5 pour 1. Heureusement ce type d’élevage est encore minoritaire puisqu’il représente moins de 10% de la production dans l’OCDE et moins de 2% en dehors. Par contraste, les résultats en pâturages sont bien meilleurs, et particulièrement en dehors de l’OCDE : le ratio y est de 0.3:1 contre 0.9:1 dans l’OCDE. Dans les deux cas, l’élevage en pâturage est donc contributeur. Et il représente une part bien plus conséquente que les feedlots : 37,1% dans l’OCDE, 29,6% en dehors. La majorité de la production correspond cependant à un système mixte qui est à l’équilibre en dehors de l’OCDE et légèrement consommateur en son sein (1.2:1). Au final en moyenne, l’élevage bovin est légèrement consommateur dans l’OCDE (1.38:1) et légèrement contributeur en dehors (0.86:1). En mélangeant les deux on arrive à un résultat légèrement négatif (1.07:1) pour 45% de la production de protéines mondiale de l’élevage.

Pour l’élevage de petits ruminants, c’est beaucoup plus simple : on n’a que deux systèmes d’élevage (pâturage et mixte) avec un FCR égal dans les deux cas. Les résultats sont positifs à la fois dans l’OCDE et en dehors : les ratios sont respectivement de 0.5:1 et 0.1:1. En moyenne, le ratio est de 0.2:1. Ce type d’élevage apparait donc clairement contributeur, ce qui contraste avec les résultats de Laisse et al. et Ertl et al. pour les élevages ovin et caprin. Quoiqu’il en soit, ce type d’élevage est clairement minoritaire puisqu’il représente moins de 3% de la production mondiale de protéines.

Pour les volailles, les résultats sont sans appel : le seul type d’élevage à être contributeur est la fameuse poule dans le jardin, et encore seulement dans l’OCDE. Et cela ne représente que 0.3% de la production dans ces pays. Pour tous les autres systèmes, les ratios sont élevés : environ 5:1 pour les poulets de chair et 2.9:1 pour les poules pondeuses. Au final ces ratios sont en moyenne d’environ 4.3:1 dans l’OCDE et 4.1:1 en dehors. En moyenne globale, on atteint un ratio de 4.14:1 pour 32% de la production. Pour chaque protéine produite, on en gaspille donc 3.14 autres.

Le topo est quasiment le même pour l’élevage de cochons : encore une fois, seuls les 1,7% de la production de l’OCDE correspondant à un élevage « dans le jardin » atteignent un ratio positif de 0.7:1. Pour le reste, les ratios tournent entre 4.5:1 et 5:1, à part pour les 41% de cochons du jardin en dehors de l’OCDE qui atteignent 3.7:1. A noter au passage que le système industriel représente plus de 95% de la production dans l’OCDE, mais les plus avertis ne seront absolument pas surpris. Au final on atteint des ratios de 4.34:1 dans l’OCDE et 4.31:1 en dehors avec une moyenne à 4.32:1 pour 20% de la production totale.

Si on compile encore un peu ces résultats, on atteint à l’échelle globale des ratios de 1:1 et 4.2:1 pour les ruminants et monogastriques respectivement. En mélangeant les deux, le résultat est de 2.6 protéines consommées pour une produite. Pour chaque protéine qu’il fournit, l’élevage en consomme donc 1.6. Et ce malgré le fait que 86% des aliments qu’il consomme soient non consommés par l’humain : c’est dire l’efficience de la chose. Pire : il s’agit d’efficience protéique, qui comme on l’a vu semble plus favorable à l’élevage. On n’imagine même pas les résultats en efficience énergétique !

Bon bien sûr résumer toute cette analyse à ce seul chiffre serait extrêmement réducteur. Il est clair que pris dans son ensemble l’élevage consomme plus de protéines qu’il n’en produit. Cependant, on a vu que certains systèmes d’élevage, en particulier pour les ruminants, sont bel et bien contributeurs. Et cette contribution peut être importante pour la disponibilité alimentaire à un niveau local.

Conclusion

Que tirer de cet article?

Première chose : il faut bien différencier efficience brute et efficience nette. La première considère l’intégralité des aliments consommés par l’élevage alors que la seconde ne prend en compte que ceux valorisables en alimentation humaine. Utiliser la première pour parler de disponibilité alimentaire est donc à éviter. Dans ce cas, il vaut mieux lui préférer l’efficience nette.

Ensuite, s’il y a bien une chose à retenir c’est à mon avis la suivante : certains types d’élevage sont en théorie tout à fait capables d’avoir une contribution positive à la disponibilité alimentaire en valorisant pour l’alimentation humaine des produits non consommables : herbe, paille, résidus de culture, etc. Et cela peut être important à un niveau local. C’est particulièrement le cas pour les ruminants. A noter donc : utiliser le bœuf comme exemple quand on veut montrer que l’élevage gaspille des ressources alimentaires n’est pas vraiment la meilleure idée… à moins de parler uniquement de feedlots.

Ceci étant dit, l »élevage pris dans sa globalité est il pour autant efficient ? Très clairement non : même en regardant l’efficience protéique, qui est a priori la plus favorable à l’élevage, les résultats sont plutôt clairement mauvais. Avec 2,6 protéines consommées pour 1 produit, le taux de perte est de plus de 60%.

De plus, étant donné la surconsommation de protéines dans les pays occidentaux, je ne suis pas convaincu que l’élevage soit vraiment nécessaire à la satisfaction des besoins protéiques. Cela reste à vérifier, je n’ai pas suffisamment creusé ce sujet pour pouvoir l’affirmer avec confiance. Mais si cette hypothèse était validée, le constat pour l’élevage serait encore plus sévère : la quasi totalité des filières, exceptée laitière, semblent clairement inefficientes pour assurer un apport énergétique.

Bref, il est clair que pris dans sa globalité, l’élevage est un gaspillage de ressources, bien qu’il puisse localement avoir un impact positif. Mais est-ce un bon argument pour justifier une abolition de l’élevage, position que je défends ? A l’évidence, non. Etant donné que certains types d’élevage peuvent avoir une contribution positive, il est possible d’imaginer un scénario où seuls ces types d’élevage seraient encore pratiqués. Dès lors, insister trop sur cet argument, c’est prendre le risque de tendre vers ce scénario plutôt que vers celui de l’abolition. Et dans un tel scénario, la bonne efficience de ce type d’élevage pourrait au contraire devenir un argument contre son abolition.

Malgré l’inefficience actuelle de l’élevage pris dans sa globalité, la question que tout abolitionniste devrait se poser est donc plutôt celle de l’éventuelle nécessité d’une forme d’élevage efficiente pour assurer les besoins alimentaires mondiaux. Il est clair que de telles formes d’élevages peuvent y contribuer, mais peut-on assurer ces besoins sans y recourir ? La position abolitionniste requiert que la réponse à cette question soit oui. Je n’ai pas la réponse définitive à cette question, mais l’inefficience actuelle de l’élevage pris dans sa globalité me laisse penser qu’on a de la marge à ce niveau là… je pencherais donc plutôt pour un oui. Bien sûr c’est beaucoup moins évident à l’échelle locale, et je ne me risquerai pas à avancer la moindre opinion là-dessus.

Au fond je pense que ce type d’arguments est un très bon soutien pour amener les gens à réduire leur consommation de produits d’origine animale, voire même à tendre vers le véganisme. Cependant ils ne me semblent pas centraux pour défendre une position réellement abolitionniste. L’argument central reste pour moi l’argument éthique. Si l’un de ces arguments est remis en cause, rappelons nous donc que remettre en cause un tel argument n’est pas nécessairement remettre en cause la position abolitionniste.

Lorsque nos arguments sont critiqués, plutôt que de s’arc-bouter sur des arguments bancals posons nous donc plutôt cette question : cela remet il en cause notre position, ou seulement l’argument en soi ? Si seul l’argument est remis en cause, alors modifions le (à condition que la critique soit valable, évidemment) : l’avantage qu’il y aurait à le conserver ne vaut à mon avis pas la perte de crédibilité que cela impliquerait. En particulier dans le cas présent : continuer à utiliser le chiffre de 10kg dans ce contexte alors que les « vrais » chiffres restent globalement négatifs pour l’élevage présente à mon avis une balance bénéfice / risque clairement négative.

Ceci étant dit, il reste une dernière question à se poser vis à vis de ces chiffres. Plutôt que de s’intéresser à l’efficience avec laquelle les animaux convertissent leurs aliments, ne serait-il pas plus pertinent de s’intéresser à l’efficience avec laquelle ils utilisent les terres agricoles ? En effet, il me semble que la ressource primaire, c’est bien les terres agricoles et non les plantes que l’on fait pousser dessus. S’intéresser aux aliments consommés plutôt qu’aux terres utilisées, c’est donc s’intéresser à une ressource secondaire plutôt que primaire. Rien n’empêche d’obtenir une bonne efficience nette en monopolisant des terres qui pourraient être valorisées en alimentation humaine : ça me semble donc être un biais important. L’efficience nette ne me semble donc pas suffisante pour résumer la contribution alimentaire de l’élevage. Il est aussi nécessaire de s’intéresser à l’utilisation des sols : c’est ce que je fais dans cet article.

Notes

a – Attention il s’agit bien d’aliments non consommées, pas non consommables : l’étude ne précise pas ce qui est considéré consommable ou non, il n’est donc pas possible de se faire une idée plus précise de la part réellement non consommable. (Ces données sont peut-être précisées dans les Annexes mais je n’y ai pas accès sans payer 30$…)

Sources:

1: Laisse et al., 2018 – L’efficience nette de conversion des aliments par les animaux d’élevage : une nouvelle approche pour évaluer la contribution de l’élevage à l’alimentation humaine

2: Ertl et al., 2016 – Net food production of different livestock: A national analysis for Austria including relative occupation of different land categories.

3: AFSSA, 200 –  Apport en protéines : consommation, qualité,
besoins et recommandations

4: Ertl et al., 2015 – An approach to including protein quality when assessing the net contribution of livestock to human food supply

5 : Mottet et al., 2017 – Livestock: On our plates or eating at our table? A new analysis of the feed/ food debat5 : Mottet et al., 2017

(17 commentaires)

  1. Merci pour ce nouvel article qui apporte lui aussi des précisions importantes.

    Pour ce qui est des 10 pour 1. Je ne vois toujours pas de malhonnêteté dans l’utilisation de ce chiffre. La précision apportée renseigne bien évidemment sur le fait qu’il s’agit d’efficience brut et ça c’est bien. Mais parler de conversion en protéine en considérant l’intégralité des aliments consommés par l’élevage me paraît toujours cohérent. Cela étant dit, parler de disponibilité alimentaire en parlant d’efficience nette me paraît également plus judicieux (en mentionnant la concurrence alimentaire liée). Ça n’enlève rien au très mauvais taux de conversion de l’animal en général. Au niveau énergétique, d’après la loi de LINDEMAN il est de 10%, soit 90% de perte (quoi qu’il arrive), ce qui reviendrait au même ratio de conversion protéinique à partir d’aliments à faible teneur en protéines (fourrages, etc).

    De plus si j’ai bien compris, l’efficience nette (scénario FCR3) met directement en concurrence la disponibilité de l’alimentation à destination de l’élevage à l’alimentation humaine (puisqu’elle serait valorisable pour les humains directement). Or, la valorisation de produits non consommables par l’humain est mis en avant par l’élevage. C’est donc bien le ratio 10 pour 1 qu’il conviendrait d’opposer à ce moment, non ?

    Je ne sais pas si j’ai bien tout saisi, mais en tout cas je souhaite aussi éviter tout biais de confirmation que je crois aussi préjudiciable à toute démarche informative. Si tu as d’autres explications où précisions à m’apporter je suis preneur !

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    1. Je n’ai peut-être pas été suffisamment clair dans l’article : c’est uniquement dans le cadre de la disponibilité alimentaire que je pense qu’utiliser l’efficience brute est trompeur.

      Dès qu’on sort de ce cadre, elle est extrêmement pertinente : cette mauvaise efficience brute agit en fait de manière plus ou moins directe comme multiplicateur pour la plupart des impacts environnementaux de l’élevage : utilisation des sols, consommation d’eau, pollution aux nitrates, émissions de GES…

      Par contre je ne suis pas sûr de te suivre pour ton dernier paragraphe… Pourquoi veux-tu utiliser le ratio de 10 pour 1 dans ce cas ? L’efficience nette permet justement de ne prendre en compte que les cas où il y a compétition (enfin en excluant la compétition sur les sols…) entre alimentation animale et humaine. C’est justement ce qui permet de prendre en compte cette valorisation de produits non consommables… Ou alors tu veux parler de l’efficacité de cette valorisation ?

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      1. Donc, en utilisant des aliments végétaux à fort taux de protéine consommables par les humains le ratio est de 1.3 ce qui voudrait dire 23% de perte supplémentaire que de passer directement par ces mêmes produits végétaux ?

        Sachant que ce ratio ne serait forcément que théorique contrairement à l’efficience brut (si j’ai bien compris) puisque 86% des aliments qu’il consomme ne sont pas pris en compte car non consommables par l’humain? D’ailleurs, il vient d’où ce pourcentage de 86% ?

        En gros, l’élevage est très largement consommateur nette de protéines à par dans des cas très marginaux. As-tu une idée de ces proportions au niveau mondial ? sont-elles abordées dans les études (je suis peut-être passé à côté) ?

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      2. Oui c’est bien ça, 23% de perte par rapport à la consommation directe des végétaux. Pour les 86%, ce n’est pas très bien détaillé dans l’étude… Et il s’agit de produits non consommés, mais pas forcément non consommables. Ceci dit environ la moitié correspond à de l’herbe.

        Pour les proportions le seul cas qui ne semble clairement pas être marginal dans l’étude est l’élevage bovin en pâturage. Je n’ai pas fait le calcul exact mais ce type d’élevage représente environ 1/3 de l’élevage bovin, qui produit 45% des protéines fournies par l’élevage. Donc c’est de l’ordre de 15% de la production totale.

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  2. Ok, je pense que ça demande à être un peu plus détaillé et précisé par rapport aux proportions. Mais dans l’idée, tu penses que 15% de la production de l’élevage est producteur nette en protéines ?

    Sinon, peux-tu me rappeler pourquoi tu as choisi plutôt le FCR3 plutôt que le FCR2 ?

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    1. D’après les chiffres de l’étude oui, ça tournerait entre 15 et 20%. Après ça reste des moyennes assez générales à l’échelle mondiale donc ça peut toujours masquer des situations en réalité plus complexes.

      J’ai préféré le FCR3 parce que le FCR2 considère le tourteau de soja comme non comestible. Or il l’est après transformation : on peut en faire des PST ou de la farine de soja par exemple. En plus les deux autres études l’ont considéré en partie consommable : 50% de protéines consommables pour Ertl et al. et 60% pour Laisse et al. Et ça monte à plus de 90% dans les scénarios prévisionnels des deux études.

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  3. Vous prenez en compte (avec toutes les precautions liminaires nécessaires, cependant) des hypothèses hétérogènes qui supposent l’optimisation de l’utilisation des protéines végétales, mais vous choisissez d’ignorez le ratio de qualité des protéines qui donne pratiquement toujours un FCR Net > 1 a l’élevage. On pourrait objecter qu’il est au moins aussi plausible de croire que les gens consommeront de la viande crue et des abats que de croire qu’ils mâcheront des cannes de mais. Je décèle a ce moment de la démonstration un biais, certainement assumé, pour favoriser l’alimentation végétale stricte.
    Mis a part cela, un gros accessit pour le travail de synthèse de ces études (et la présentation logarithmique que je trouve très pertinente).
    Comme le dit la conclusion de Laisse et al. : « l’élevage est moins en compétition avec l’alimentation humaine qu’il n’est souvent dit et […] tous les systèmes d’élevage ont la capacité de contribuer de manière positive à la production alimentaire de protéines pour l’Homme, à condition qu’ils consomment beaucoup de végétaux non valorisables en alimentation humaine (fourrages, coproduits). » Je crois que c’est ce qu’il faut retenir avant tout.

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    1. Bonjour Norbert,

      si vous décelez un biais, il faudrait expliciter le quel. Je rejet de la prise en compte du ratio de qualité des protéines est basée sur l’étude de Laisse et coll., dont vous ne semblez pas avoir de problème à partager la conclusion. Sur quelle base rejetez vous leur analyse de ce point là ? Quelques connaissances rudimentaires en nutrition suffise à se rendre compte qu’étant donné l’impact de l’association de différentes protéines sur la qualité nutritionnelle de l’ensemble, estimer un ratio de qualité sans prendre en compte quelle est l’association réelle au moment de la consommation réelle n’a pas grand sens. D’autant plus qu’il semble douteux qu’en absence d’élevage, le mix alimentaire produit soit identique à celui produit pour nourrir une vache ou un cochon.

      Quant à « croire qu’ils mâcheront des cannes de maïs », c’est un homme de paille (ou de cannes de maïs en l’occurrence ?) : je ne dis à aucun moment que ce type de résidus serait consommable. En revanche on sait que certains coproduits comme les tourteaux pourraient être bien mieux valorisés en alimentation humaine. Idem pour le grain de maïs dont le faible taux de valorisation dans l’étude de Laisse et coll. est un reflet de l’organisation de notre système alimentaire actuel, et en rien d’une quelconque limitation technique.

      Enfin je ne suis pas d’accord sur ce que vous choisissez de retenir : dire que les systèmes d’élevage on la capacité de contribuer de manière positive, c’est une chose. Mais cela n’occulte pas ce qu’est en général leur contribution actuelle : négative. Les deux sont importants. Ne choisir de retenir que l’un de ces deux aspects me semble relever d’un biais de confirmation.

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  4. Merci pour cette synthèse avec une approche purement économique
    Introduisez également la composante écologique ou plutôt la pollution qu’entraine l’élevage et vous verrez que d’ici peu nous serons tous végétariens

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